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Tu comptes pour moi #témoignage de Marina Lazzari



« Il n’y a pas de hasard ».


Comment devient-on coordinatrice du projet territorial de santé mentale de l’Arrondissement de Lille ?

Comment en arrive-t-on à travailler dans le champ de la santé mentale ?


C’est une question qu’on m’a déjà posé. Pour tout dire, je n’y avais jamais vraiment pensé. Après des études de sociologie de la santé, j’arrive en 2004 sur le marché du travail, date à laquelle fleurissent les réseaux de santé.


Intéressée par le lien entre les acteur.ice.s dans l’objectif d’améliorer les pratiques, je me suis très vite sentie à ma place en tant que coordinatrice.

La dynamique de travail m’a transporté et cette année, je fête mes 20 ans d’ouvrage en coordination.


J’aime utiliser 4 expressions pour définir les missions d’une coordinatrice : couteau suisse, cheville ouvrière, travailleure de l’ombre et médiatrice.

Un vrai travail d’équilibriste entre les acteur.ice.s tout en se mettant en mouvement autour des priorités de santé.


En 2017, alors coordinatrice du conseil lillois de santé mentale, la prévention du suicide est l’un des sujets que souhaite engager l’élu à la Santé de l’époque Jérémie CREPEL.


Ce sujet me tient particulièrement à cœur.


Et oui, c’est le sujet qui recoupe mon histoire personnelle.


D’abord une copine de quartier, Delphine, que je perds quand j’ai 14 ans, puis mon amie, Anne, un peu plus tard… Et puis, mon père.


Mon papa était une personne… j’allais le définir par la maladie psychique mais moi, je ne l’ai pas connu sous cette étiquette. Il n’empêche que comment le décrire, moi qui l’ai assez peu connu.


Italien, ah ça oui, le nom de famille en dit long et son prénom Italo.

Il m’emmenait souvent dans une boucherie italienne, près de Lens.

Oh là, là, c’était la fête : mortadelle, copa, jambon de Parme…et

puis je me souviens de vacances en Italie pour aller voir la famille à Saint Marin. Son frère Marino qui nous accueillait toujours si généreusement…


Courageux, j’ai souvent entendu ma mère décrire mon père soudeur à la SIMA. On lui confiait des chantiers que personne n’acceptait. Il était extrêmement doué.


J’ai aussi entendu ma maman me parler de la fermeture de sa boîte qui a occasionné chez lui une première crise maniaque. Il a installé la caravane dans la cour de l’Usine et ne voulait plus en bouger. A ce moment-là, tout jeune encore, ma maman ne comprend pas ce qui arrive.


Beau gosse, tous les matins mon père passait du temps devant la glace à se préparer. Elnett, il en a utilisé des bombes de laque pour bien fixer sa mèche.


Je me souviens aussi d’une seconde crise où il a été retrouvé au commissariat avec son costume en lambeau…


Fumeur/buveur, je vois encore mon père allumer sa pipe. Elle l’accompagnait du matin au soir. La consommation d’alcool était problématique.

Ma mère me disait que tout jeune. Il consommait de la bière et à la naissance de leur premier enfant.

Il a arrêté… Pour se tourner vers le Porto :)

Lorsque le samedi, on allait faire les courses à Cora, un carton de porto faisait toujours parti des achats.

L’alcool était un gros sujet de dispute entre mes parents. Ma mère le menaçait de partir s’il n’arrêtait pas.


Elle pensait que l’alcool était le problème.

Elle est finalement partie au bout de 20 ans de vie

commune. Ils s’étaient mariés jeunes. 17 ans.


Pas très loquace, il parlait peu. Semblait toujours dans ses pensées sauf aux apéros avec les ami.e.s, là, c’était une amusette, toujours partant pour se déguiser, danser, chanter à tue-tête les tubes des années 80 ou les chansons italiennes.


Aujourd’hui, je remercie Nicolas qui me donne l’occasion de parler de mon papa.


Mon père était maniaco-dépressif, c’est le terme que j’ai entendu quand je suis allée le voir aux USNB du CHU.

Bipolaire, on dirait aujourd’hui.


J’ai perdu mon père à 19 ans.


"Je n’ai pas tout bien compris à ce
moment-là. Je n’ai pas vu, entendu ses souffrances.
Moi, j’étais sa fille et ma maman me disait qu’il
m’aimait beaucoup."

Aujourd’hui, quand j’entends parler des formations BREF des familles par l’UNAFAM, quand j’assiste aux cinés-débat avec ma maman « la forêt de mon père », je vois que les choses avancent.

Et cela me réconforte.


Le travail des équipes du 3114, de VigilanS, de PAPAGENO me donne beaucoup d’espoir

en l’avenir.


Aujourd’hui, si mon papa était là, je lui dirai : Papa, tu comptes pour moi ! Marina



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