top of page
Rechercher

Moi, partiellement

Dernière mise à jour : 27 juin




Texte 1/2


Mon parcours, un parmi tant d'autres.


Je ne me définis pas comme malade, mais mes difficultés psychiatriques ont jalonné mon existence.


Du plus loin que je me rappelle je me suis senti différent, inadapté aux relations sociales, mal.
Enfant j'étais à part et restais souvent à l'écart, solitaire.

La méchanceté des autres gamins a vite dégénéré en harcèlement.

Un harcèlement continuel, violent, long.

De la fin du primaire à la fin du collège.

Une chance pour moi il n'y avait pas de réseaux sociaux, par contre aux yeux des adultes (parents et éducation nationale) ça n'existait pas.

J'étais seul.


De quoi vous déstabiliser à vie, exacerber les idées de suicide qui déjà étaient présentes.


Cela c'est calmé au lycée mais c'est à cette période que j'ai rencontré ceux qui allaient devenir mes meilleurs amis/ennemis : l'alcool et le cannabis.

Ils ne me quitteront plus pendant 35 ans.


Vous pouvez bien vous imaginer que 35 ans de toxicomanie et d'alcoolisme (excepté la légalité c'est pour moi la même chose) ça donne une vie mouvementée.


J'ai quand même réussi à mener tant bien que mal une vie familiale et professionnelle.

Avec beaucoup de chance car à de nombreuses reprises j'ai failli tout détruire.


J'ai aussi fréquenté assidûment les établissements psychiatriques.


C'est là que j'ai pu me rendre compte que la psy est le parent pauvre de la médecine.


A de nombreuses reprises j'ai assisté à des scènes révoltantes, essentiellement dues au manque de respect de soignants envers les malades.

J'ai aussi rencontré des gens extraordinaires des 2 côtés (soignés soignants).


1,2,3,4,5... hospitalisations, dans le privé, le public, courtes, longues...


Des diagnostics : dépressif, borderline.

Des traitements de plus en plus lourds, de plus en plus inadaptés, destructeurs.


Et une amplification, une aggravation des symptômes.


Et aussi durant cette période une multiplication des tentatives de suicide...


Et, en 2018, j'ai rencontré celui qui allait devenir mon psychiatre.

Le premier de nos entretiens a duré plus d'une heure.

N'étant pas sûr de lui il m'a proposé 2 jours dans un service spécialisé au CHU de Lille.

Là bas j'ai passé une série de tests et d'entretiens et le diagnostic est tombé.


Après 30 ans.

Troubles bipolaires.

Mon médecin m'a proposé un traitement, lithium essentiellement.


Il m'a conseillé une demande d'invalidité qu'après un certain temps j'ai fini par accepter avec difficulté.


Après une dernière phase maniaque (j'espère), j'ai arrêté toute consommation d'alcool et de cannabis du jour au lendemain...

Et ça va, à peu près, merci.


Je suis donc bipolaire, pardon je souffre de troubles bipolaires.


Je considère maintenant cela comme une particularité, un pan de ma personnalité, de mon humanité.

Une différence, une originalité mais pas une force, j'ai stabilisé la chose mais cela m'a bien pourri la vie.


J'ai lu avec intérêt le post d'une personne qui se disait être guéri de ses troubles bipolaires.

J'en suis heureux pour lui.

Mais ce n'est pas mon cas.


Je sais que cela peut revenir, par contre j'organise ma vie pour l'éviter au maximum.


Quand j'évoque mon histoire je ne peux m'empêcher de rendre hommage à celle qui a permis cette évolution.
Ma femme.

Je l'ai trahie trompée humiliée violentée (jamais physiquement), mais à chaque fois elle m'a tendu la main.

A chaque fois elle a cru en moi.

Sans elle je serais mort (et ce n'est pas une vue de l'esprit).


Voilà, une partie de mon parcours très résumé.

Je sais qu'un témoignage peut aider d'autres personnes.

J'en serais très heureux.


Serge Benefice Texte 2/2 Je suis en colère.

Je suis en colère, en rage, j'ai envie de violence, j'ai envie de destruction, de catastrophe...

J'ai toujours été comme ça.

Et j'en souffre terriblement.

Bien sur je sais que cela ne mène à rien. Ou au pire. Mais quand bien même, je suis en colère.


Parce que enfant j'ai souffert et je n'ai jamais reçu d'aide des adultes, que ce soit dans les milieux familiaux , scolaires, médicaux . Peut-être pas les bonnes personnes, peut-être pas la bonne époque.


Parce que jamais je ne me suis senti à ma place, je n'ai jamais su communiquer, je n'ai jamais été reconnu.


Parce que très vite j'ai débuté ma carrière de toxico. J'ai cette croyance qu'il ne pouvait en être autrement. J'ai mis en danger ma vie sociale, ma vie professionnelle, ma vie affective, ma vie familiale, ma vie et celle de beaucoup d'autres...


Je suis en colère parce qu'avant qu'un médecin ne pose un diagnostic valable, j'en ai croisé beaucoup qui, bien que s'étant trompés, m'ont gavé de médicaments aux effets délétères.

Je suis en colère parce que je suis persuadé que j'ai raté ma vie.


Je suis en colère contre la société, contre l'humanité, parce que l'intolérance, les discriminations, les racismes, l'obscurantisme, la méchanceté, la haine, la bêtise...


Mais surtout, je suis en colère contre moi-même.

C'est devenu un état d'esprit, une raison d'être, mais qu'est-ce que c'est difficile.

Qu'est-ce que contrôler, maintenir sa colère est épuisant. Qu'est-ce que ça fait mal... Putain (si je puis me permettre).


Mais que puis-je faire. Pas de traitement à ça si ce n'est un cocktail de molécules qui me "zombifierait". Certes, en tant que toxico abstinent un côté de moi même serait ravi mais je me suis détourné définitivement de cette voie.


Parfois ma colère déborde, je crie, je hurle, je gesticule, j'insulte. Et ça me brûle littéralement, ça me culpabilise énormément et ça me laisse vide, épuisé, coupable.


Alors j'essaie de gérer, de contenir, de respirer.


J'essaie d'éviter, de contourner, d'esquiver.


J'essaie d'apprécier, de savourer, de prendre plaisir, d'aimer.


Et même si c'est fatiguant, éreintant, épuisant ça marche.

Je commence à parfois apprécier de vivre. À 55 ans il est temps, certes, mais il n'est jamais trop tard.


Serge 27.06.2025


 
 
 

Comments


© 2025 by Moryotis

Bienvenue

DANS LE FUTUR

bottom of page